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Romans jeunesse

La fille qui pouvait voler, Victoria Forester, 16.00 €

Comment se fait-il que ce roman, publié aux États-Unis en 2008, soit édité en France seulement en 2020 ? Écrit à la suite du succès du film dont l’auteure fut la scénariste, il contient en effet tous les meilleurs ingrédients d’un vrai roman qui emporte et fait vibrer !

Les éditions Lumen et la traductrice Raphaëlle Pache nous ouvrent le monde de Piper, l’enfant qu’on n’attendait plus pour le couple de fermiers sans histoire(s) de Betty et Joe McNimbus. Enfin, il y a quand même cette histoire de « nimbus », une allusion aux nuages… En effet, très vite, les heureux parents vont s’apercevoir de l’étrange faculté qu’a leur bébé de défier les lois de la pesanteur : par moments, elle flotte au-dessus de son berceau ou de la table à langer, et il faudra toute la rigueur pratiquante de Betty pour contenir les premiers envols de la fillette.

Pourtant, quelques années plus tard, Piper, qui n’a jamais pu renoncer au bonheur de tourbillonner toujours plus haut dans les nuages, quittera la ferme et le malveillant voisinage pour intégrer la fondation I.N.S.E.N.S.E.E. tenue par la magnifique Dr Laëtitia Inferna qui subjugue littéralement tous ceux qui l’approchent ; c’est un modèle de maîtrise de soi, et d’humeur égale, son empathie est irrésistible, et elle promet à tous les enfants doués de facultés différentes une place adéquate dans ce monde. Et tous la suivent comme d’autres ont suivis le joueur de flûte de Hamelin… Or la réalité est tout autre, et lorsque, enfin, Piper met à jour le sort horrible réservé à tous les êtres exceptionnels rassemblés dans ce lieu dantesque, elle n’aura de cesse de s’enfuir de cette prison. Mais Piper est une petite fille au grand cœur : pas question d’abandonner ses nouveaux amis si fragiles pour suivre le plan concocté par Conrad, petit Génie Supérieur, abandonné par ses puissants et riches parents aux mains de la sorcière aux lèvres vermeilles. Piper va donc employer l’intelligence du cœur pour démolir l’atroce machination de l’infernale doctoresse. Et ramener Conrad des abysses machiavéliques qui le déshumanisent.

Avec la même étrangeté originelle que celle mise en œuvre par Ransom Riggs dans Miss Pérégrine et les enfants particuliers, mais sur un mode plus léger pour des enfants plus jeunes, Victoria Forester s’inscrit dans la lignée de l’Anglais Roald Dahl dont l’œuvre abonde de personnages d’enfants victimes d’un univers adulte malfaisant voire cruel. Piper nous rappelle Matilda ou Charlie, et Victoria Forester crée des personnages aussi hauts en couleurs, spécifiques, auxquels elle attribue des patronymes signifiants et des comportements concordants. L’auteure conduit son intrigue sans jamais lasser le lecteur ni la lectrice : l’immersion dans le fantastique se fait très naturellement, comme le basculement dans cet univers où la science a mis son audace technique au service d’un projet mortifère ; c’est une nouvelle mise en garde contre la discrimination et l’intolérance, et la solidarité sans faille qui s’instaure entre les jeunes victimes est un bel exemple de résistance.

Un roman dynamique comme son héroïne, plein de rebondissements inattendus, de poésie et de tendresse.

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